Hommage
Jeanine, ma Jeanine.
Votre prénom suffisait à faire naître un sourire.
Un seul regard suffisait pour nous comprendre.
Vous aviez cette lumière douce et cette présence apaisante, si précieuses à ceux qui vous entouraient.
Vous aimiez la nature…
Qu’il s’agisse d’une fleur, d’un feuillage ou du passage d’un oiseau, tout avait pour vous une beauté unique.
Les campanules vous tenaient particulièrement à cœur, même si, espiègles, elles refusaient obstinément de pousser sur votre balcon… Ces petites clochettes rebelles que vous regardiez avec tendresse, parce qu’elles vous ressemblaient tant : discrète, élégante, et pleine de grâce.
Poète dans l’âme, vous écriviez avec le cœur.
À travers vos livres, vous avez semé les mots, comme des graines de lumière.
Devant mes décorations, vous aviez ce sourire tendre et cette phrase qui me touche encore :
« Pascale, vous avez des mains en or. »
Ces mots, je les garde précieusement, comme un cadeau qu’on n’ose déballer.
Vous êtes partie comme une fleur qui se ferme, mais votre parfum, lui, est resté.
Jeanine, je ne vous oublierai jamais.
Pascale, votre ange gardienne.
Pascale Fressart- 19/06/2025
Hommage
À Jeannine
DIX LEÇONS DE LUMIÈRES
Grande prêtresse des métamorphoses, Jeannine, voici quelques-unes des « Leçons de Lumières » enseignées tout au long de ta vie et bues à tire-larigot à la source de tes poèmes.
Amis lecteurs, comme le Boléro de Ravel, enfoncez-vous bien ça dans la tête, lisez et relisez ses recueils, martelez ses paroles autant de fois que nécessaire, jusqu’à ce qu’elles fassent en vous office de seconde nature.
Reprenez le flambeau en ce jour de Pentecôte pour que le don des langues qui vous échoit rayonne en vous pour toujours.
Leçons de Lumières comme autant de messages décryptés, sortis de la gangue délétère du silence et de l’oubli. Ici finit l’artifice pour laisser place à la vérité du poète, authenticité rimant avec lucidité, à l’aube du grand partir vers un ailleurs inconnu.
Aimer et essaimer, telle est la première Leçon de Lumière qui a nom l’Amour Universel. Du plus petit des vers de terre à l’étoile, de la pâquerette au baobab, tu prônes la parfaite égalité, les mêmes droits d’exister au-delà des différences.
Écrire est la deuxième Leçon de Lumière. Prose ou poésie, qu’importe, vers libres ou rimés qu’importe, contraintes oulipiennes ou non, vers longs, vers courts, senghoriens ou guilleviciens qu’importe, puisque le Tigre et l’Euphrate se rejoignent à l’estuaire du Chatt-el-Arab.
Leçon transcendantale comme les Études de Franz Liszt, vertigineuses gammes montantes et descendantes. Virtuose, la foi ose soulever les montagnes du doute et de l’hésitation. Affirmation de soi et « Connais-toi toi-même » constituent le Credo de la troisième Leçon de Lumière, clameur polyphonique au firmament de l’âme du poète.
Joyeuse lumière que celle de la quatrième Leçon ! Esquissant un sourire au coin des lèvres et l’amplifiant en rire contagieux, jouant de l’olifant un air de sa façon, plein d’humour et de fantaisie, à qui voudra l’entendre.
Puisqu’au commencement était le Verbe, la cinquième Leçon emprunte toutes les voies de l’Incarnation. Les cinq sens à l’affût, tour du guet bien connue du chasseur de mots, et du corbeau le précurseur, quand la langue mystérieuse des signes, se mue en beauté poétique.
Ainsi soit de l’Éphémère, sixième Leçon de Lumière, melting-pot de curiosité, d’attention, germé d’un sens d’observation aiguisé, de l’éveil qui donnera naissance à tout poème surgi du réel immédiat, de l’instant capté à la seconde, sur le vif, en un flash éblouissant, tel un battement d’ailes de colibri ou de papillon.
Libre le poème, léger, batifolant et primesautier, insouciant, à l’image d’Éros, un putto malicieux comme on en voit sur les plafonds de la peinture italienne, parmi les moelleux coussins de nuages, où percent les rayons de la septième Leçon de Lumière, aux amoureuses fragrances.
La huitième Leçon de Lumière se place sous l’égide de l’incontournable dieu Janus. Qui dit Joie et Bonheur dit aussi son revers, et la lutte pour faire triompher les forces positives en un pari assidu, celui de l’offrande, du OUI. Danse de la vie, tantôt tango argentin, tantôt flamenco ou valse de Vienne, tout en voltes et virevoltes.
La neuvième Leçon de Lumière est celle de la résilience. Elle conduit à la sérénité et à l’acceptation de la souffrance et de la finitude, pour, après une vie bien remplie, entamer la lente montée vers le ciel, l’Espérance à la proue.
Enfin, à l’apogée, la dixième Leçon de Lumière sera dévolue à l’Émerveillement retrouvé et au Renaître, fidèle à la parole christique : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole. »
Elle témoignera de ta présence au monde, Jeannine et, pour ne pas nous perdre dans le labyrinthe, ta poésie restera notre fil d’Ariane.
Nathalie Cousin
Dimanche 8 juin 2025
Pour les 92 ans de ma "grande soeur d'âme", Jeannine Dion-Guérin.
Nathalie COUSIN- 18/06/2025